Un collectif pour lutter contre les ondes électromagnétiques en Bretagne

Aux quatre coins de l’Hexagone, des initiatives émanant de particuliers victimes des ondes électromagnétiques contribuent à mettre en lumière un phénomène qui affectent nombre de Français. Ces derniers mois, c’est une bretonne résidant en baie de Douarnenez qui a décidé de créer un collectif d’électrosensibles.

C’est l’hebdomadaire Côté Quimper qui relate au début du mois de septembre cette actualité. Le média s’intéresse à Françoise Cunéo-Vidal, à l’origine d’un collectif de personnes souffrant d’électrosensibilité dans son département. Si les entreprises du numérique ont bénéficié du confinement du printemps dernier, cette femme a à contrario été victime de l’augmentation du flux d’ondes électromagnétiques. Et c’est ce qui l’a incitée à réagir, dans le but de sensibiliser le grand public sur l’hypersensibilité électromagnétique mais également de favoriser l’aménagement de l’espace public.

Au moment où le journaliste publie son papier, déjà 15 personnes avaient rejoint Françoise dans son combat. Mais elles sont sans nul doute bien davantage à souffrir de ce phénomène à l’échelle du département Si on estime qu’il y a 3,3 millions d’hommes et de femmes concernés par cette pathologie dans notre pays, on compterait ainsi plus de 30 000 finistériens électrosensibles.

Des simples rougeurs aux étourdissements en passant par les troubles digestifs et les nausées : ils sont susceptibles de ressentir une multitude de symptômes et ne sont pas forcément conscients de leur origine.

Pour prévenir ces différents méfaits, Françoise Cunéo-Vidal a nécessairement dû s’adapter et notamment éviter de se rendre dans des lieux où les ondes sont omniprésentes à l’image du cinéma.

Son collectif aimerait obtenir des aménagements qui favorisent les conditions de vie des personnes électrosensibles, dont l’interruption du wifi à la piscine une demi-journée par semaine.

En Bretagne, parmi les associations et collectifs qui oeuvrent pour aider les personnes souffrant d’électro hyper sensibilité, on distingue l’association “Les citoyens éclairés” présidée par Danièle Bovin.

La 5G fait toujours débat

En 2020, plusieurs villes françaises doivent être couvertes par la 5G. Si cette avancée réjouit assurément les technophiles et les opérateurs, elle demeure aussi contestée par des opposants aux arguments pas toujours convaincants.

Le lancement de la 3G dans nos contrées en 2004 constituait déjà une révolution, elle a d’ailleurs contribué à la démocratisation des smartphones et à l’internet mobile. Seize ans plus tard, c’est la cinquième génération de communications mobiles qui doit être être déployée commercialement. Une latence divisée par 10, un débit décuplé par rapport à la 4G, une densité de connexion accrue…la 5G devrait faire émerger de nouveaux usages mais son arrivée suscite dans le même temps des inquiétudes, y compris chez certains scientifiques.

En septembre 2017, plus de 180 scientifiques et médecins ont mis en garde contre les effets potentiellement graves pour la santé de cette technologie. Dans une lettre adressée à la commission européenne, ils recommandent un moratoire sur le déploiement de la 5G. Selon eux, il implique notamment l’installation de nouvelle antenne-relais, des infrastructures suspectées de favoriser les tumeurs cérébrales.

Cela étant, ces mêmes co-signataires du 5G Appeal omettent de dire que de nombreuses antennes 3G / 4G pourront être mobilisées. De même, des seuils protecteurs pour la santé ont été définis par la Commission Internationale de Protection contre les Rayonnements Non-Ionisants.

Un autre exemple tend à montrer que le discours alarmiste des opposants doit être pris avec des pincettes. Les co-signataires s’appuient sur les dires du Centre international de Recherche sur le Cancer de l’OMS qui évalue les ondes électromagnétiques comme “peut-être cancérogènes”.

Certains travaux évoquent bien un potentiel lien entre cancer et ondes des téléphones, or ce lien demeure loin d’être suffisamment étayé. Par ailleurs, il convient de rappeler que le nombre de cancers du cerveau n’a pas sensiblement augmenté depuis la démocratisation des mobiles, et la hausse très modérée peut  probablement s’expliquer par l’amélioration des techniques de détection.

Un gîte en zone blanche

Les personnes intolérantes aux ondes électromagnétiques sont à la recherche des rares zones blanches. Deux d’entre elles peuvent retenir leur attention, elles abritent des gîtes qui incarnent de véritables havre de paix pour les électrosensibles.

Il s’agit en premier lieu d’une solution d’hébergement localisée au Gast dans le Calvados. Le réseau n’y passe pas ou très rarement, le bouche à oreilles en revanche fonctionne très bien ! “Notre adresse ? Les électrosensibles “se l’échangent entre eux” raconte sa propriétaire. Cet endroit, plus généralement propice à la déconnexion pour le commun des mortels, est surtout une habitation qui favorise les économies d’énergie. Eclairage LED, eau chaude solaire…tout est mis en oeuvre pour limiter l’impact du gîte et de ses occupants sur l’environnement.

Dans les Pyrénées-Orientales, l’éco-gîte du Moulin de la Palette fait aussi les bonheurs des hommes et des femmes souffrant d’hypersensibilité électromagnétique. Un lieu dans lequel séjourne ponctuellement Anne-Laure Mager, qui est à l’initiative de l’association “Perdons pas le fil zone blanche”. Cette trentenaire s’offre une “guérison spirituelle” lors de ses passages dans un hébergement qui accueille de nombreux randonneurs.

Un paradis pérenne ? Rien n’est moins sûr. “Maintenir une zone blanche va à l’encontre des directives nationales” affirme José Rubio, adjoint à l’urbanisme, évoquant le plan du gouvernement d’étendre le haut et très haut débit en France d’ici à 2022.

Certains dans la vallée estiment que la zone blanche constitue une opportunité commerciale pour les propriétaires de gîtes qui peuvent ainsi “faire leur commerce sur l’électronsensibilité”. Accusation que réfute la propriétaire de l’éco-gîte Catherine Mourier : “Nous ne sommes pas équipé pour ce type d’accueil” explique-t-elle.

Électrosensibles à Lyon

L’isolement est l’un des effets dévastateurs qu’engendre l’électrosensibilité. Heureusement, des personnes touchées par ce phénomène prennent de plus en plus l’initiative de se regrouper et de mettre en lumière les difficultés qui empoisonnent leur quotidien.

La création du collectif Ly’Ondes en 2017 illustre cette tendance, il doit notamment permettre à ces personnes de se sentir moins seules et de les informer sur les ondes électromagnétiques et leurs effets sur les sujets ayant une limite de tolérance très faible.

Monique Jacques, qui réside à Sathonay-Village, compte parmi les rhodaniens électrosensibles.  Elle fait état d’acouphènes, de douleurs musculaires et d’épuisement général. Forcée à mettre un terme à son activité, elle a pris plusieurs dispositions pour rendre son quotidien plus supportable dont le port de “vêtements spécifiques blindés”. Dans la région lyonnaise, Sylvie Perraud et Laurent Bernard, font aussi partie des personnes qui souffrent de multiples symptômes dont des fourmillements dans les bras ainsi que des maux de tête.

Comme tous les hommes et femmes touchés par l’électrosensibilité, ils sont invités à faire vivre le collectif Ly’Ondes. On trouve sur le site internet de l’organisation des conseils pour diminuer les symptômes à l’intolérance : il s’agit notamment de l’éloignement de tous les appareils électriques autour du lit et le bannissement des objets connectés dans l’habitation.

Mon week-end en zone blanche

L’Effet Papillon, programme culte de Canal Plus, a malheureusement pris fin cet été. Ceci étant dit, il laisse aux téléspectateurs et aux internautes une belle collection de reportages dont l’un d’entre eux est consacré à une zone blanche dans l’Etat de Virginie aux Etats-Unis.

Benoît Chaumont est allé passer un week-end à Green Bank, une localité sans wifi, sans appareils connectés ni téléphones mobiles fonctionnels. La raison à cet environnement si singulier de nos jours ? La présence du plus grand radiotélescope directionnel du monde ! Il est chargé d’écouter les étoiles et susceptible de capter des messages émis à l’autre bout de l’univers…par d’éventuels extraterrestres. Aucune antenne relais de téléphones, les diffusions d’ondes radio et de wifi sont quant à elle drastiquement encadrées sur plus de 30 000 km2, tout simplement afin d’éviter de brouiller les signaux.

Cette zone blanche est logiquement devenue le refuge de nombreuses personnes électrosensibles. En interrogeant un certain Allan, Benoit Chaumont se fait le porte parole des téléspectateurs potentiellement sceptiques à cette pathologie impalpable. “Comment se fait il que ces hommes et femmes ne parviennent pas à supporter les champs électromagnétiques qui n’ont aucun effet sur la plupart des gens ” lui demande-t-il en substance. L’analogie de cet américain électrosensible est équivoque : “Pourquoi certains fumeurs de longue durée ne souffrent pas de cancers et d’autres personnes aux modes de vie plus sain sont susceptibles de développer une terrible maladie ?”

Électrosensibilité : la France avance

Dans un rapport publié en mars dernier, l’ANSES a reconnu la réalité des troubles dont les personnes intolérantes aux ondes électromagnétiques font l’objet. Juste avant l’été, différents acteurs dont l’association Robin des toits ont évoqué les recommandations formulées dans ce document et ont fait le point sur les actions à mener au quotidien

La France compterait selon les prévisions de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) approximativement 3,3 millions d’hommes et de femmes souffrant de sensibilité exacerbée aux ondes électromagnétiques. Quand bien même “les douleurs et la souffrance formulées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue”, il n’existe selon les experts de l’Anses “aucune preuve expérimentale solide ne permet actuellement d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits”.

De la simple fatigue aux maux de tête en passant par des troubles de l’attention : les personnes concernées sont affectées de multiples façons et à des degrés variables. La difficultés pour les scientifiques résident notamment dans la variété des radiofréquences et des champs électromagnétiques potentiellement responsables de ces symptômes.

A la fin du mois de mai, une réunion s’est tenue au sein de l’office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Les représentants de l’association PRIARTEM et de l’Agence nationale des fréquences à Robins des toits ont notamment salué la qualité du rapport de l’Anses et ont souligné l’intérêt de l’expérimentation d’un protocole de prise en charge réalisée à l’hôpital Cochin.

Le téléphone portable pourrait altérer la mémoire chez les jeunes

Les champs électromagnétiques à hautes fréquences des téléphones mobiles auraient un impact négatif sur le développement de la mémoire dans certaines zones du cerveau. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par l’Institut suisse de santé publique et tropicale (Swiss TPH), parue le 23 juillet dernier dans la revue à comité de lecture Environmental Health Perspectives.

Les champs électromagnétiques à hautes fréquences des téléphones mobiles auraient un impact négatif sur le développement de la mémoire dans certaines zones du cerveau. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par l’Institut suisse de santé publique et tropicale (Swiss TPH), parue le 23 juillet dernier dans la revue à comité de lecture Environmental Health Perspectives.

Elle porte sur une cohorte baptisée HERMES (Effets sur la santé liés aux téléphones portables) composée de 700 écoliers âgés de 12 à 17 ans. Les chercheurs se sont intéressés à la relation entre l’exposition aux champs électromagnétiques et le développement des performances de mémoire durant une année. Des effets néfastes ont été plus précisément observés sur les performances de la mémoire figurative, principalement localisée dans l’hémisphère du cerveau droit. Une exposition plus forte aux ondes a été constatée chez les adolescents qui se servaient de leur mobile du côté droit de la tête. Ces résultats confirment des données similaires publiées en 2015, qui reposaient néanmoins sur un échantillon deux fois moins important.

L’un des scientifiques a toutefois déclaré que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour exclure l’influence d’autres facteurs. D’après lui, “les résultats pourraient avoir été affectés par la puberté, qui affecte à la fois l’utilisation du téléphone portable et l’état cognitif et comportemental du participant.”

Cherche zone blanche désespérément, le film de Marc Khanne

Le réalisateur Marc Khanne a présenté en 2014 son film documentaire consacré aux personnes électro-hypersensibles. “Cherche zone blanche désespérément” est le fruit de trois ans d’enquête, un travail journalistique qui donne la parole aux personnes affectées par les ondes électromagnétiques et qui soulève beaucoup de questions.

Pour quelles raisons en parle-t-on si peu ? “Une personne qui n’est pas touchée ne peut pas comprendre. Si c’est invisible, cela n’existe pas” témoigne un homme souffrant de cette pathologie. Paradoxalement, les technologies de communication ont contribué à exiler ces gens qui ont souvent des difficultés à faire reconnaître leur maladie auprès de leurs proches.

Bien entendu le problème concerne tous les territoires où les technologies sans-fil sont légions, le réalisateur met ainsi le projecteur sur les diverses associations qui militent pour sensibiliser le public à l’électrosensibilité. Des professionnels de santé sont également interrogés et livrent leur éclairage sur un phénomène qui demeure assez méconnu.

“L’homme est bioélectromagnétique, ces champs électromagnétiques qui sont dans l’air constituent une pollution environnementale qui perturbe nos échanges électriques endogènes” rapporte l’un d’entre eux.

Mark Khanne n’a même pas intégré tous les rushs des témoignages des personnes électrosensibles, tellement certains propos semblaient “incroyables”. C’est dire la douleur qu’endure ces hommes et ces femmes qui ont vu leur quotidien bouleversé subitement.

Plus d’infos sur http://www.electrosensible-zone-blanche-ehs-film.com/

Electrosensibilité : une maladie imaginaire ?

Les personnes souffrant d’électrosensibilité ne témoignent pas fréquemment. Certaines ressentent de la honte et redoutent d’être jugées injustement, d’autres n’ont même pas conscience d’être allergiques aux rayonnements électromagnétiques. Marie-Pierre a quant à elle décidé de raconter son calvaire au Républicain Lorrain.

La tout juste trentenaire n’est plus en capacité de pratiquer les activités de la vie quotidienne à savoir écouter son poste de musique, s’installer devant la télévision ou encore surfer sur le net. Pire, celle qui travaillait  à la Métropole du Grand Nancy ne supporte plus l’électricité. S’ajoute à cela une allergie à l’encre d’imprimerie qui l’empêche de lire.

Sa maladie a bien entendu des conséquences sociales retentissantes. Elle ne travaille plus, ne peut pas se déplacer en voiture ni même se rendre au restaurant sous peine de souffrir de vertiges et d’insuffisance cardiaque. Pour minimiser les symptômes classiques de l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, Marie-Pierre a pris une retraite quasi forcée dans le village de Raon-sur-Plaine dans le département des Vosges.

Les motifs d’espoir ? Des professionnels de santé commencent à se pencher de plus en plus ce type de pathologie, à l’instar du Professeur Belpomme. La pose de gaines blindées qui atténuent les champs électriques pourrait lui permettre de retrouver un cocon relativement confortable, peut-être dans les environs de Nancy.

Hypersensibilité électromagnétique

Deux médecins suisses ont cherché à documenter des anomalies objectives chez des patients présentant une hypersensibilité électromagnétique. Ils ont fait passer une iRM cérébrale fonctionnelle à 10 personnes électro-hypersensibles et ont constaté des résultats anormaux chez l’ensemble des sujets. Les chercheurs précisent bien que les études IRM régulières de ces patients ne montraient aucune particularité.

L’IRM comme aide à l’évaluation

Les auteurs recommandent la réalisation d’IRM fonctionnelles pour aider au diagnostic lors de l’évaluation d’un patient prétendant être électrohypersensible. Par ailleurs, ils affirment que certains antécédents comme une blessure à la tête et une exposition à des produits chimiques neurotoxiques telles que les moisissures sont des facteurs susceptibles de rendre un patient plus vulnérable à l’hypersensibilité électromagnétique.