Cancer du cerveau et téléphone portable

Des chercheurs australiens se sont intéressés à l’évolution du nombre de cancers cérébraux ces trois dernières décennies, en tenant compte de la démocratisation des téléphones mobiles.
Les conclusions de leur étude parue dans The international journal of cancer epidemiology paraissent plutôt rassurantes. Ces scientifiques rapportent en effet que la fréquence des cancers du cerveau n’a pas augmenté entre 1982 et 2012 en Australie.

Ils ont comptabilisé il y a 4 ans 8,7 cas pour 100 000 hommes et 5,8 cas pour 100 000 femmes. Ce sont plus de 34 000 tumeurs cérébrales qui ont été diagnostiquées dans ce pays dont 20 000 chez les hommes. Certains scientifiques alarmistes avaient pourtant estimé que l’usage du mobile augmentait la fréquence des cancers cérébraux de 50 %. Si on se réfère à leurs estimations, le nombre de tumeurs pour 100 000 habitants devrait s’élever à 11,7 pour les hommes et 7,7 chez les femmes

L’unique hausse constatée a été perçue chez les personnes âgées de plus 70 ans. Cette tendance s’explique avant tout par l’amélioration du diagnostic qu’à un réel impact des téléphones portables.
“Notre étude suit celles déjà publiées aux États-Unis, en Angleterre, dans les pays nordiques et en Nouvelle-Zélande, où aucune confirmation de l’hypothèse “les téléphones portables causent le cancer” n’a pu être trouvée” a expliqué Simon Chapman, le professeur en santé publique et premier auteur de l’étude. “C’est étonnant, les gens continuent à fumer mais ils ont peur de leur téléphone portable” a ajouté Catherine Hill, épidémiologiste du cancer à l’Institut Gustave-Roussy.

“L’illusion d’une absence de résultats” selon l’association Robins des toits

L’association française de défense des intérêts des consommateurs exposés aux ondes estime que l’étude manque de “données sur l’utilisation individuelle de la téléphonie mobile et les résultats”. Un premier point qui ne permettra pas selon l’organisme de conclure sur l’incidence exaxte de cancers du cerveau “survenus avant et après l’introduction de la téléphonie mobile en Australie”. S’ajoute à cette critique le type d’appareils dont les australiens sont équipés et qui ont évolué avec le temps, en commençant en 1987 par des téléphones analogiques et non numériques, n’exposant pas l’utilisateur à des ondes à très basses fréquences.

L’association pointe également du doigt le conflit d’intérêt possible entre l’auteur de l’étude, Simon Chapman, et l’industrie de la téléphonie, ou tout du moins son penchant favorable envers ce type de technologie pour avoir écrit plusieurs livres à ce sujet.

Enfin l’organisme français explique que “pour se faire une idée réelle de l’incidence du cancer liée à l’utilisation de la téléphonie mobile depuis son origine, il faudra privilégier les études prenant en compte l’usage du téléphone portable selon les individus”.

La Californie impose aux vendeurs de téléphones mobiles d’informer leur clientèle sur le risque des ondes

La ville californienne de Berkeley a adopté une mesure en août 2015 imposant les magasins de téléphonie mobile à informer les consommateurs sur les risques liés à l’utilisation de ces appareils. La loi force les commerçants à indiquer dans leur établissement les risques ou fournir un document à leurs clients expliquant les rayonnements que les mobiles émettent et les recommandations pour utiliser ces appareils en toute sécurité. La loi engage notamment les marchands à informer des risques relatifs aux expositions élevées aux rayonnements lorsqu’on garde son téléphone dans sa poche ou son soutien gorge.

L’OMS a déclaré en 2011 comme potentiellement cancérigène les rayonnements de faible énergie émis par les téléphones mobiles, du fait du lien qui puisse exister entre l’utilisation de ces dispositifs et le développement de tumeurs cérébrales. Cette classification peut sembler inquiétante mais elle met en fait au même niveau de dangerosité ces appareils et la caféine, une substance susceptible d’accroître le risque de cancer. D’autres organisations comme l’American Cancer Society et le Centers for Disease Control and Prevention demeurent plus prudentes et réclament davantage de recherches avant d’émettre des recommandations.

La plus grande étude réalisée à ce jour concernait 14 000 personnes en bonne santé et 7 000 hommes et femmes qui avaient développé une tumeur cérébrale. Les auteurs n’ont pas constaté de lien entre l’utilisation de mobiles et la prévalence du taux de gliome. Ils ont cependant constaté que les individus qui s’étaient servis de leur téléphone pendant au moins 1 640 heures sans kit main libre avait 40% plus de chance de développer ce type de tumeur, mais cette tendance peut s’expliquer selon le Professeur David A. Savitz par des réponses exagérées, de la part de personnes qui recherchent des raisons pour expliquer leur maladie.
Par ailleurs, il précise que ces technologies génèrent des rayonnements non ionisants, qui n’ont pas la faculté de modifier l’ADN.

De nouvelles études sont en cours, à l’image de COSMOS, qui devrait permettre de récolter des données plus précises que celles dont nous disposons aujourd’hui. Le projet Mobi-Kids sera quant à lui intéressant pour évaluer les risques qu’encourent les enfants.

Étude Mobi-Kids : Pour identifier les risques de cancer avec les téléphones portables

Tumeurs cérébrales et téléphones portables

Les tumeurs cérébrales représentent le deuxième type de cancer le plus fréquent chez les jeunes de moins de 25 ans, juste après la leucémie. On dispose malheureusement d’assez peu d’information sur les facteurs augmentant les risques de développer une tumeur cérébrale.

L’exposition aux rayonnements ionisants (de sources naturelles comme artificielles), aux produits chimiques et aux champs électromagnétiques, et des conditions médicales très particulières sont quelques-uns des facteurs susceptibles d’être à l’origine de ces tumeurs. La démocratisation des technologies de communication et l’utilisation intensive des appareils sans fils par les jeunes peuvent être à ce titre assez inquiétant en termes de santé publique.

Malgré l’augmentation du nombre de tumeurs cérébrales chez les jeunes ces dernières décennies, elles se développent fort heureusement assez rarement jusqu’à ce jour. Des études réalisées à l’échelle internationale doivent être menées pour mieux déterminer les facteurs environnementaux qui augmentent les risques de voir apparaître cette maladie.

Le projet Mobi-Kids poursuit l’objectif suivant : évaluer la corrélation entre le risque de développer une tumeur cérébrale et les facteurs environnementaux, notamment les dispositifs de communication.

Plus d’informations sur Research Gate ou sur Crealradiation.com

Ondes de téléphones portables : étude des effets à long terme

Cosmos est le nom d’une étude internationale portant sur une génération de personnes destinée à connaître les potentiels effets à long terme sur la santé de l’utilisation des téléphones mobiles et des autres technologies sans fil.

Pour cette étude, la génération désigne un groupe d’individus qui utilisent quotidiennement un téléphone mobile. Il s’agit environ de 290 000 hommes et femmes issus de cinq pays européens. La plus grande partie des participants est originaire du Royaume-Uni (105 000 personnes ), les deuxième et troisième plus grands représentants de cette étude sont respectivement les Pays-Bas et la Suède avec 90 000 et 50 000 individus. La France va également y participer à l’avenir.

Cette étude devrait permettre de lever les doutes sur les éventuels effets sur la santé associés à la technologie sans-fil. La recherche est soutenue par plusieurs grandes organisations comme le Groupe consultatif britannique sur les rayonnements non ionisants (AGNIR), le ministère de la Santé britannique et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Au Royaume-Uni, c’est l’Imperial College of London qui est chargée de diriger l’étude Cosmos. Elle est financée dans ce pays par l’industrie et le gouvernement.

Un groupe d’experts indépendants avait appelé de ses voeux le lancement d’une étude de ce type dès l’année 2000. Il s’agissait de chercheurs à l’origine d’un travail de recherche sur l’impact sanitaire de la téléphonie mobile, intitulé le Mobile Telecommunications and Health Research Programme (MTHR).

Seront notamment analysés les risques de cancers, les tumeurs cérébrales, les troubles neurologiques et les évolutions de certains symptômes dans le temps comme les maux de têtes et les troubles de sommeil.

Plus d’infos sur ukcosmos.org (en anglais)